maraud, aude
- Terme d'injure et de mépris. Celui, celle qui ne mérite pas de considération.
Mais que de deux marauds la surprise infidelle Ait terminé ses jours [de mon fils] d'une tragique mort
. [Malherbe, VI, 37]Si tôt que tu seras parti, Mon maraud de frère averti Viendra tout piller à ma barbe
. [Scarron, Virgile travesti].... Quoi ! je vous vois, maraude ? Vite, sortez, friponne, allons, quittez ces lieux, Et ne vous présentez jamais devant mes yeux
. [Molière, Les femmes savantes]Je me déferai de ce maraud fieffé, de ce faquin d'Argante
. [Molière, Les fourberies de Scapin]Quel maraud est-ce ci ? - Maraud ! voilà quelqu'un qui me connaît
. [Regnard, Sérénade]Ils ressemblent à ce valet de comédie ivre qui, entendant prononcer le mot de maraud, dit naïvement : maraud, voilà quelqu'un qui me connaît
. [D'alembert, Lett. au roi de Pr. 14 déc. 1781]Il me paraît que tous les honnêtes gens ont été d'autant plus sensibles à la perte d'Helvétius, que les marauds d'ex-jésuites et les marauds d'ex-convulsionnaires ont toujours aboyé contre lui jusqu'au dernier moment
. [Voltaire, Correspondance]Le bon sens du maraud quelquefois m'épouvante. - Mondor : Molière avec raison consultait sa servante
. [Piron, La métromanie, ou Le poète]
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MARAUD. - ÉTYM. Aux diverses conjectures qui sont rapportées dans l'article, M. Bugge, Romania, n° 10, p. 155, ajoute la sienne. Suivant lui, marault (c'est la forme la plus ancienne) demande une forme antérieure maraldus (comme chaud de caldus), laquelle provient, par dissimilation, de malaldus ; mal se trouve plusieurs fois en français sous la forme mar. M. Bugge remarque que l'étymologie qu'il donne convient très bien à la notion de maraud ; l'ancien marault signifiait pauvre gueux ; le ladin marodi et dans le dialecte de Côme maro signifient maladif, et les langues romanes emploient pour exprimer maladif plusieurs mots qui se rattachent au lat. malus. à cette discussion de M. Bugge on peut ajouter que, dans le langage de Menton, maraut (pour malaut) signifie malade (Romania, juillet-oct. 1875, p. 493). C'est un trait de plus à ajouter à ceux qui indiquent une parenté entre maraud et malade et que j'ai notés dans le Dictionnaire.
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